j'aimerais
J'aimerais, j'aimerais
que sur les cœurs aux hématomes bleutés
ruissellent les lénifiantes pluies d'été.
J'aimerais, j'aimerais
que s'éclaboussent de lumière
les costumes cendrés de poussière.
J'aimerais, j'aimerais
que se pendent au cou du soleil
tous les regards perdus au ciel.
J'aimerais, j'aimerais avec toi
confectionner un rien de nous
sur un navire où l'on se fout de tout.
On s'élèvera à la rosée des départs,
un matin d'horizon hagard,
nous ouvrant grand ses bras.
J'aimerais plus que cela encore,
j'aimerais conserver toujours
ce somptueux cri d'amour
qui s'évade et perle sur ton corps.
J'aimerais, j'aimerais
me baigner dans une montagne
mon secours, mon recours, mon bagne.
J'aimerais, j'aimerais
revoir un levé de lune orangé
par la fenêtre, l'extraordinaire beauté.
J'aimerais, j'aimerais
que mes guerres se foutent la paix
au grand comptoir de l'humanité.
J'aimerais, j'aimerais avec toi
faire un brin d'âme à deux
quand dans un souffle d'ailleurs
à vau-vent nous déciderons avec le cœur
d'alunir les trésors de nos yeux
sans jamais de toutefois.
J'aimerais plus que cela encore,
j'aimerais conserver à jamais
ce clin d’œil fait à la volupté :
le sourire de la petite mort.